1. Au regard de l’actualité des derniers mois, quel rôle doit jouer la coopération audiovisuelle ?
Notre monde traverse une crise à la fois économique, sociale et culturelle. La planète entière est touchée par ces phénomènes, mais la Méditerranée semble, depuis des années, être devenue un monde en fusion. Après les printemps arabes, voici maintenant le temps des migrants. Face à la guerre, à la pauvreté, des dizaines de milliers de personnes fuient pour aller vers le nord. Un nord qui se raidit, les opinions publiques commencent à avoir peur de ces vagues d’enfants, de femmes et d’hommes qui n’ont plus rien et plus rien à perdre. Nos méconnaissances réciproques sur qui est en face de nous et qui nous sommes pour eux doit faire l’objet de toutes nos attentions. La coopération audiovisuelle est donc essentielle pour partager, faire découvrir le sud au nord et le nord au sud, mais par un travail collectif, commun. La véritable coopération, c’est cela ! Qui, hormis celui qui y vit, peut le mieux parler de son pays, de son histoire, de ce que ressentent ses habitants ? Il faut sortir des clichés, qu’ils soient du nord ou du sud, pour échanger sur du réel, du vrai. Les coopérations nous enrichissent, la connaissance mutuelle éloigne l’obscurantisme. La coopération audiovisuelle est une nécessité pour sortir de ces clivages, de ces erreurs de jugement.
2. À l’heure d’Internet, la radio est-elle un média qui compte encore ? (Pour faciliter le dialogue interculturel ?)La radio…est une façon particulière de parler aux autres, avec les autres. Ce qui aujourd’hui change c’est le tuyau, pas le produit. La radio, c’est le direct, l’immédiateté et, surtout, l’interactivité! Aucune autre offre ne peut faire cela. La radio demain sera toujours la même ! Ce qui change se sont les supports. La bande FM est encore vivante pour de nombreuses années, mais souffre des nouvelles possibilités, et c’est une chance! Internet, les mobiles, pour ne citer que les plus actuels, sont des nouveaux outils au service de la radio, nous allons enrichir nos contenus, nos échanges et c’est formidable. Ce qui ne va pas changer, c’est notre finalité : informer en temps réel, dialoguer en temps réel, rire en temps réel. La radio est magique, elle relie les hommes entre eux, et les nouveaux outils permettent de s’affranchir des contraintes géographiques. Nous pouvons désormais parler avec la terre entière et la terre entière peut nous écouter et, maintenant, nous voir et nous écrire en temps réel. Jamais les échanges entre les peuples n’auront été aussi simples…si nous le voulons !
3. Quelle est la stratégie de la Commission Radio de la COPEAMLa Commission Radio de la COPEAM a une seule ambition : relier les radios entre elles pour favoriser le dialogue entre tous les peuples de la Méditerranée. Notre commission veut développer les coproductions, ces programmes étant la clef de voute de notre action. Les coproductions sont la réponse à l’obscurantisme grandissant. Nous ne devons pas construire des murailles entre nos pays, mais des ponts. Kantara, notre émission historique, c’est ce qui nous guide, nous anime. Nous devons favoriser les échanges entre journalistes, animateurs, techniciens, producteurs de tous les pays riverains de notre mer. Le travail en commun de tous nos professionnels est unique, rare, c’est une chance extraordinaire. Nous pouvons ainsi proposer à tous les auditeurs des radios participantes à nos programmes, des émissions, de coproductions, tout en favorisant ainsi la connaissance, la culture et, donc, le partage.
4. Que représente pour la Corse l’accueil de la prochaine Conférence de la COPEAM et la thématique sur la jeunesse méditerranéenne ?La Corse est une ile à l’histoire riche et compliquée. La Corse aujourd’hui tente, plus que jamais, de positionner son regard vers son horizon naturel, le sud. Sa position géographique est un atout pour la coopération entre les rives de la Méditerranée. La venue de la conférence de la COPEAM est un signe de reconnaissance au formidable travail entrepris dans le domaine des échanges culturels avec le sud. La Corse, par exemple, possède un service de télé et de radio public qui, depuis des dizaines d’années, produit des émissions avec ses confrères des autres pays de la Méditerranée. Son Université - qui tisse incessamment des relations avec les universités du sud - et la Collectivité Territoriale de Corse sont membres de la COPEAM. On ne compte plus les festivals qui se tournent vers le sud. La Corse est le lien naturel entre le nord et le sud. Cette ile semble perpétuellement en mouvement, elle ne cesse ses navettes entre les différentes rives du mare nostrum. Un fier vaisseau qui sait que son avenir s’inscrit dans cette mer, au riche passé, garant d’un avenir partagé. Le thème de la jeunesse est un enjeu essentiel pour la Corse. La jeunesse corse se cherche, elle veut avoir le droit d’étudier et de travailler en Corse. Une jeunesse qui aujourd’hui veut retrouver ses racines, ce qui passe par exemple par sa langue. Pourtant, avec la crise, ici comme ailleurs, on sent le danger du repli sur soi. La Corse a donc besoin de partager sur cet aspect, les échanges de points de vue étant sans nul doute profitables pour tous.